Chine – Partie 2 – Premiers pas au Yunnan

« Ah ! Le génie chinois ! Avoir inventé le principe du non-agir pour justifier de rester toute la journée à se dorer au soleil du Yunnan sur le seuil d’une cabane… »

Sylvain Tesson

Nous étions mi-août passée, en pleine haute saison touristique chinoise. Je voulais rejoindre le Yunnan le plus vite possible. Aucun problème me dis-je ! Vu l’état des routes et la qualité du réseau de transports chinois, tout cela devrait me prendre quelques heures pour trouver une combinaison de bus voire un bus direct ralliant la ville de Kunming. Grossière erreur.

Après avoir écumé les stations de bus, les agences touristiques et fait des demandes auprès des guest houses il n’y avait plus aucun bus disponible pour Kunming. Au mieux, d’invraisemblables combinaisons faisant faire d’interminables zigzags, rallongeant toujours un peu plus le trajet et le budget que je comptais allouer à mon itinéraire. Qu’à cela ne tienne, pas découragé pour un sou, je me lançais à l’assaut des gares !

Les guichets de gare en Chine, c’est la guerre ! Le concept de « faire la queue » n’existe pas et si vous ne vous décidez pas à vous lancer dans la cohue en bousculant tout ce qui bouge, vous n’accéderez jamais au comptoir. Mais une fois devant le guichetier, ne lâchez rien ! Car les gens viendront parler au bonhomme en même temps que vous qui commencez à avoir quelques pulsions de meurtre incontôlables.

Mon « périmètre » instauré, j’entamais la négociation avec mon interlocuteur absolument pas bilingue pour me faire expliquer que les prochaines places disponibles pour Kunming étaient dans un train… dans un mois et demi ! Voilà. Vous avez compris. Complet en Chine, ça veut dire complet parfois pendant des mois entiers si bien que les gens (surtout pendant les vacances chinoises) réservent leur billets parfois deux ans à l’avance ! Un phénomène que je retrouverai en Inde quelques mois plus tard mais nous n’en sommes pas encore là. Expulsé de la file, je retentais à un autre guichet pour être bien sûr.

Cette fois-ci, on me proposait une combinaison de trains possible avec de multiples changements mais pour un prix bougrement élevé (près d’une centaine d’euros) et un trajet de près de soixante dix heures !! J’arrêtais là. En rentrant dépités, mon compagnon de route et moi-même commençons à envisager à contrecoeur l’option de l’avion. Et en effet, pour seulement 2h30 de vol, un Pékin-Kunming nous reviendra aussi cher que l’abracadabrantesque parcours ferroviaire proposé ! C’est décidé, nous volerons. Le lendemain et un avion plus tard, nous posions les pieds au Yunnan.

Centre ville de Kunming

Centre ville de Kunming

Kunming est une grande ville somme toute agréable mais je ne restais là que deux jours avant de partir vers l’ouest dont on m’avait vanté la beauté. Première étape d’une boucle dans le Yunnan, Lijiang. Voilà une ville étrange, aussi mignonne que repoussante !

Lijiang

Lijiang

Un exemple (parmis tant d’autre) d’un tourisme mal géré ! Entièrrement détruite par un séisme en 1996, Lijiang a été reconstruite « à l’identique », raflant au passage son inscription à l’UNESCO. Or, qu’en est il réellement ? Si la reconstruction à donné lieu à une urbanisation non maîtrisée, l’entretien et la rénovation des vieux bâtiments est très bien faite. Mais qu’on ne s’y trompe pas ! Vous évoluez en fait ici dans un supermarché à ciel ouvert où se mêlent restaurants, échoppes en tout genre vendant les mêmes babioles estampillées « artisanat-fait-main-par-les-minorités-achète-c’est-pour-les-pauvres », Pizza Hut, McDonald, tour en calèche, faux bonzes et centaines de cars deversant des touristes (chinois pour la plupart) à longueur de journée… On trouve de tout et surtout n’importe quoi entre les mugs Starbucks et les portraits de Mao cotoyant Madonna, Barack Obama et Ben Laden…

On trouve de tout à Lijiang !

On trouve de tout à Lijiang !

A tel point que l’UNESCO a menacé de retirer Lijiang de la liste des sites classés. Ce qui serait dommage car la vieille ville recèle encore d’impressionants bâtiments originaux somptueux… A voir dans l’avenir !

Une ville superbe malgré tout !

Une ville superbe malgré tout !

Mais Lijiang est aussi connue pour sa région et les magnifiques treks qu’il est possible de réaliser. Après avoir voulu escalader la Montagne du Dragon de Jade, nous faisons le choix de partir trois jours afin de réaliser le trek des Gorges du Saut du Tigre. Un excellent choix pour un trek impressionnant où nous évoluerons à flanc de falaise sur un à pic de quelques centaines de mètres au dessus du fleuve Yangzi ! Deux jours de marche dans des conditions climatiques flippantes à cause de la pluie.

Arrivée dans les gorges du Yangzi

Arrivée dans les gorges du Yangzi

Chaque année, des randonneurs tombent dans le vide ou sont emportés par des coulées de boue à cause des pluies diluviennes à cette époque de l’année. D’ailleurs, deux semaines après mon passage, c’est un tremblement de terre qui entraînera de très importantes coulées ne faisant aucune victime et la fermeture du site.

Gorges du Saut du Tigre

Gorges du Saut du Tigre

Une très belle rando néanmoins où vous avancerez tantôt par des chemins très étroits, des escaliers, les fameux « virages », les champs de cannabis et les quelques rares villages qui jalonnent le parcours.

Dans les champs de weed !

Dans les champs de weed !

Et pour  les plus courageux, en toute fin de sentier, vous aurez l’occasion de descendre par un chemin jusqu’au bord du fleuve ! Mais que Mao me fouette ! Un chemin de fou avec des portions à 90° d’inclinaison notamment par une échelle rouillée d’une bonne cinquantaine de mètres accrochée directement à la falaise ! Les acrophobes apprécieront ! Ca c’est pour la descente. Je vous laisse imaginer la remontée par 35° et 100% d’humidité !

Au bord du Yangzi après un chemin difficile !

Au bord du Yangzi après un chemin difficile !

Pour nous remettre de cette débauche de sport, direction Shangri La ! Shangri La ? Oui, ce lieu n’existe pas. Ou plutôt c’est un nom donné à tout et n’importe quoi pour attirer les touristes. Ainsi, Zhongdian et par extension la ville de Xianggelila au Yunnan, fut renommée ainsi en 2001 pour capter la manne potentielle générée par Lijiang et ses alentours.

Shangri La depuis le "petit potala"

Shangri La depuis le « petit potala »

Ce nom fictif est en fait tiré d’un célèbre roman de James Hilton, « Lost Horizons », dont le récit prend place dans un Himalaya fantasmé. Vous retrouverez donc des auberges Shangri La, des restaurants et même des villes jusqu’au Népal et même en Inde (information vérifiée par mes soins !). Au delà de ça, c’est un endroit que j’ai bien apprécié, étrangement peu envahi alors qu’un festival Tibétain y avait lieu.

Femme tibétaine en costume

Femme tibétaine en costume

Un souvenir marquant de cette ville fut de faire tourner l’un, sinon le plus grand des moulins à prière du monde ! Pour cette tentative il aura fallut pas moins de vingt hommes et deux tentatives pour libérer les mantras !

le fameux moulin géant de Shangri La

le fameux moulin géant de Shangri La

Quant à mes prières, je les adressaient aux Dieux de l’auto-stop car je laissais maintenant mon camarade pour reprendre la route en solo et en pouce ! Ma prochaine destination sera la ville de Dali (pas le peintre, la ville) avant de m’enfoncer plus au sud jusqu’aux frontières birmane et laotienne et de remonter au Sichuan.

Fin du tourisme et retour sur l’asphalte à suivre dans la troisième et dernière partie de ce voyage en Chine…

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4 commentaires pour Chine – Partie 2 – Premiers pas au Yunnan

  1. Coucou Manu,
    Fais-moi encore rêver ! Je déguste chaque nouvel article avec beaucoup de plaisir.
    Je t’embrasse
    Brigitte

  2. Laurent dit :

    Ce genre de galère transport, c’est juste lié à la période de l’année ou c’est très souvent comme ça ? Je n’ai jamais mis les pieds en Chine, mais moi qui ne suis pas un grand champion de l’organisation, c’est assez incompatible à mon mode de voyage.
    Ta description de cette lutte pour rester devant le guichet m’a fait sourire et rappelé en effet quelques souvenirs. L’avantage en Inde, c’est que même s’il faut également lutter, le gars du guichet parle généralement assez bien anglais. C’est tout de même plus simple. J’imagine qu’il en est le plus souvent tout autre en Chine.

    • Salut Laurent ! Et bien je pense qu’en effet, cela était très lié à la période mais ceci dit je n’ai jamais essayé de reprendre le train après Pékin. Mais si c’était à refaire, je m’y prendrais vraiment à l’avance même si en août, ça ne change pas grand chose en fait !! Oui, pour ça en Inde c’était plutôt cool, en chine l’anglais se fait encore rare et il n’y a pas de « tourist counter » comme en Inde ! Et même en Inde, les gens sont plus disciplinés dans les files d’attente ! C’est dire, le mythe des chinois au taquet et ulra-discipliné en prend un coup ! A bientôt

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